Comment améliorer l’écoute dans les parcours de soin ?

Cet article est un compte-rendu de la conférence “Comment améliorer l’écoute dans les parcours de soin donnée lors des Assises des pratiques complémentaires le 9 novembre 2023.

Intervenants

Yazied Kei LANUR – Naturopathe et praticien narratif, fondateur du média Posture Intégrative

Gregory Helfenbein – Chirurgien-dentiste omnipraticien et président de l’association Odenth

assises

Lidia Stankiewicz – Thérapeute psycho-corporelle et autrice du livre “La femme infertile n’existe pas”

Modératrice – Capucine Chapuis – Responsable des réseaux sociaux et partenariats grand public chez Médoucine

La conférence

Cet compte-rendu a été rédigé par Albane Rouge, praticienne en hypnose du réseau Médoucine

L’écoute est primordiale

Le naturopathe, Yazied Kei Lanur, ouvre cette conférence en soulignant l’importance de l’écoute de soi. Cette écoute de soi permet d’écouter les signaux d’alerte ou de bien-être qui sont envoyés par le corps. Il explique que la personne qui vient consulter est experte de ce qu’elle vit, de ce qu’elle traverse. Le rôle du thérapeute est donc de l’aider à être à l’écoute d’elle-même. 

L’écoute est primordiale car le patient s’exprime à 60% dans son non verbal comme le précise le chirurgien-dentiste, Gregory Helfenbein. Il faut donc le regarder, l’écouter et savoir entendre avec les silences ce qui signifie qu’il faut savoir se taire. Le but c’est de le laisser parler le plus longtemps possible sans intervenir, sans lui couper la parole, sans poser des questions. C’est une manière de faire qui permet au patient de se sentir en confiance et de se sentir écouté.

Quand le client/patient se sent écouté, on observe plusieurs bénéfices. 

Equilibrer le rapport entre le praticien et le consultant

Yazied Kei Lanur nous explique qu’en écoutant la personne, on lui enseigne aussi à écouter son corps. On l’aide à retrouver son autonomie, à être davantage à l’écoute d’elle-même. On lui redonne du pouvoir, on l’aide à retrouver en elle les ressources qui favorisent la guérison. Cela équilibre ainsi le rapport entre le praticien et la personne qui vient le voir.

Cet équilibre est très important pour Gregory Helfenbein qui insiste aussi sur l’importance d’avoir une posture congruente avec le patient, c’est-à-dire la capacité du soignant de s’affirmer sans se positionner en expert. S’affirmer sans se positionner comme au-dessus du patient. 

Faire confiance et ne pas infantiliser

La thérapeute psycho-corporelle et autrice, Lidia Stankiewicz, nous explique d’ailleurs que trop souvent on infantilise le patient ce qui bloque la guérison. Selon elle, si on ne fait pas comprendre à la personne qu’elle est capable d’avoir toutes les ressources en elle pour guérir, elle risque de rester bloquée à l’état d’enfant à qui on dit quoi faire ou quoi prendre. De cette manière, les ressources de la personne ne sont pas mobilisées et la guérison ne peut donc pas se faire. 

Si l’écoute aide à la guérison, comme l’ont souligné les 3 praticiens, le manque d’écoute, lui, génère des risques. Yazied Kei Lanur nous explique que si le patient/client ne se sent pas entendu, pas compris, il peut avoir l’impression de ne pas s’en sortir. 

Du point de vue du praticien, le manque d’écoute peut entraîner des erreurs de diagnostic et favoriser la perte de confiance de la personne qui consulte. 

Alors comment améliorer l’écoute ?

Pour Yazied Kei Lanur, on peut améliorer l’écoute à partir du moment où on prend conscience de l’écoute qu’on propose dans sa propre pratique. Cela suppose de se poser la question : « mon écoute est-elle suffisante ? »
Il y a ici une dimension quantitative, du temps qu’on offre à la personne.

Mais comme le souligne, Gregory Helfenbein, le temps d’écoute est important mais il n’est pas suffisant. Il y a aussi et surtout la posture du praticien qui est importante. On est ici dans une dimension plus qualitative. Le praticien doit avoir une écoute empathique. C’est-à-dire ressentir et comprendre le point de vue du patient, ce qui ne veut pas dire porter le sac à dos du patient. 

L’importance de l’absnece de jugement

Pour avoir une écoute empathique, il faut aussi être capable d’accueillir le patient sans le juger. 

L’absence de jugement est une notion très importante dans l’écoute. Les 3 conférenciers s’accordent pour souligner l’importance de cette neutralité. Lidia Stankiewicz, explique en effet l’importance dans la relation d’aide de s’oublier en tant que thérapeute, c’est-à-dire oublier ses histoires personnelles pour créer un espace nécessaire pour que la personne s’autorise à déposer sa plainte et à formuler sa demande. 

L’écoute holistique

Gregory Helfenbein nous explique, qu’en tant que chirurgien-dentiste, il faut savoir sortir de l’ultra spécialisation du monde médical et écouter autre chose que les problématiques liées à la bouche et aux dents du patient. Il explique qu’en les écoutant et en les guidant, on peut les aider à faire le lien entre le symptôme physique pour lequel ils sont là et la problématique émotionnelle qui s’est passée il y a quelques semaines suite à une violente dispute ou à un deuil par exemple. Il faut donc savoir accepter les symptômes psychiques et émotionnels du patient. Parfois des éléments qui nous paraissent sans rapport les uns avec les autres peuvent pourtant avoir un sens. 

Il parle ici d’une écoute holistique du patient.

On écoute non seulement le corps physique mais aussi ce que disent les émotions, le mental. 

L’écoute est multiple

Yazied Kei Lanur, en tant que praticien narratif, nous explique qu’il y a une double écoute dans l’approche narrative. 

On a une oreille pour écouter les problèmes, les histoires enfermantes et bridantes et on a une autre oreille pour écouter l’insolite, le précieux, pour écouter ce qui est important en terme de valeur, en terme d’intention de vie, d’espoir pour la personne qui vient nous raconter son histoire. 

Le naturopathe souligne l’importance des mots utilisés par la personne car ils expriment sa sensibilité, sa propre subjectivité, son expérience. Ils traduisent sa façon d’être unique et de traverser le monde. 

Le praticien narratif retranscrit les mots de la personne, considérant que chacun des mots utilisé est précieux. Cette retranscription exacte permet à la personne de se sentir entendue et comprise.  

L’écoute est donc un outil de transformation vers un chemin de bien-être. C’est le socle de la relation entre le patient/client et le médecin/praticien. 

Les questions / réponses

Cette conférence sur l’écoute a suscité de nombreuses réactions et fait l’objet de profondes réflexions sur le sujet. 

Le public par ses questionnements et sa participation a permis d’élargir les pistes de réflexions sur le sujet. 

Une personne dans le public a partagé son expérience, expliquant que, pour elle, le meilleur moyen pour un praticien d’avoir la bonne posture d’écoute et d’éviter la toute-puissance vis-à-vis de son client est d’être supervisé par quelqu’un d’autre.

Le public a approfondi la réflexion autour de la disponibilité nécessaire du praticien. Une personne a expliqué que pour assurer une bonne écoute, le praticien doit être bien disposé lui-même. C’est-à-dire mettre de côté ses contrariétés, ses problèmes pour être pleinement disponible à la personne. 

Une autre personne du public, une naturopathe, a expliqué sa difficulté à trouver le juste équilibre entre le conseil/l’expertise qu’on donne en tant que praticien, et la place de l’écoute qu’on laisse à la personne. Elle pose la question de savoir si ce ne serait pas l’art du questionnement qui permettrait de relier ces deux postures ? Donner son expertise tout en restant à l’écoute du patient/client. 

La thérapeute Lidia Stankiewicz a approuvé l’importance du questionnement en évoquant aussi l’importance de bien comprendre laa demande de la personne. Savoir écouter ce que la personne souhaite réellement. A-t-elle besoin de conseil ou d’écoute ? 

Les questions ont aussi souligné la difficulté à rendre acteur quelqu’un qui vient chercher un conseil. 

La notion d’autonomie du patient/client a été longuement abordé et certaines idées ont été partagé. Notamment l’idée selon laquelle : l’autonomie se développe une fois que le lien a été suffisamment bien installé au cours de la relation. Comme c’est le cas avec nos enfants, c’est une fois qu’ils se sentent suffisamment sécurisés que ça leur donne la possibilité d’être autonome. L’autonomie présuppose un lien très fort, d’où l’importance de l’écoute. 

Cet compte-rendu a été rédigé par Albane Rouge, praticienne en hypnose du réseau Médoucine

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